A propos

« La géographie est l’Å“il et la lumière de l’histoire »
Johann Blaeu (1667)

La carte n’est pas le territoire. Grâce à sa capacité inégalée de synthèse, elle reflète nécessairement l'idée qu'une société se fait de son environnement. Elle permet d'orienter le voyageur, de définir les limites de la souveraineté et de la propriété, mais, se faisant, elle est aussi porteuse de messages adressés à ceux qui la consultent : étrangers, visiteurs, états voisins ou, très souvent, ennemis. Parcourir les cartes anciennes, c’est prendre la mesure de l'évolution d'un territoire et des formes de son organisation naturelle (cours d'eaux, reliefs, …) et humaine (frontières, ponts et voies de communication, localités, ...). C’est aussi saisir comment les sociétés ont construit et appréhendé la représentation du monde qui les entoure, selon des conceptions toujours changeantes à travers le temps.

Objectif du projet

Malheureusement, la carte historique a longtemps été affaire de spécialistes. Malgré leur beauté universellement appréciée, les documents anciens ont de quoi déconcerter : « mauvaise » orientation, géographie approximative, échelles difficiles à interpréter, noms à l’orthographe inhabituelle ou en langue étrangère, schématisation curieuse des localités, montagnes et cours d’eau… Leur interprétation reste ainsi difficile aux non initiés. Les expériences faites à l’aide des applications numériques – et il en est de remarquables – n’ont pas nécessairement facilité les choses, ajoutant la complexité de l’outil à une matière déjà ardue.
L’objectif du site « Genève à la carte » est mettre en valeur ce précieux patrimoine. Dans le cadre des célébrations du bicentenaire de l’entrée de Genève dans la Confédération suisse, il veut montrer de manière sensible et directe, à l’aide de cartes anciennes, l'évolution du territoire genevois et des régions qui l’environnent. Cet espace autour du Léman, entre Alpes et Jura, est lié par un destin commun depuis l’Antiquité. Sa cohésion est illustrée par de nombreuses cartes anciennes et actuelles. Elle se traduit aujourd’hui par d’intenses relations transfrontalières et de nouvelles institutions comme le Grand Genève.

La richesse du patrimoine cartographique lémanique

Le site se base sur l'extraordinaire richesse du patrimoine cartographique lémanique. On y rencontre des noms internationalement célèbres comme le Hollandais Blaeu ou le Français Cassini, mais aussi nombre de Genevois qui ont fait de leur ville un centre de la cartographie suisse et européenne. Le site illustre les débuts de cet art avec la carte de Jean Duvillard de 1588 qui propose ce qu'il faut bien encore appeler une cosmographie du Léman. Puis, il se poursuit au 17e siècle avec l'émergence de la cartographie au sens plein du mot qui culmine aux siècles suivants avec notamment les travaux de Jean-Barthélemy Micheli du Crest, puis de Guillaume-Henri Dufour. Dans le cadre des célébrations du bicentenaire de la création du canton de Genève (1815-2015), deux ensembles de documents ont été particulièrement mis en évidence : les cartes de frontières consécutives aux traités entre Genève et ses voisins et l’atlas Mayer, le premier grand atlas cantonal publié entre 1828 et 1831.
Les cartes anciennes proposées sur le site sont issues des collections publiques genevoises (Archives d’Etat, Bibliothèque de Genève, Direction de la mensuration officielle) et  le site s’est enrichi d’autres documents suisses et français. Les documents ont été géoréférencés par les soins de la Direction de la mensuration officielle du canton de Genève puis publiées sur le site professionnel de cartographie numérique, le système d’information du territoire genevois (SITG).

Un site grand public

« Genève à la carte » est un pari, celui de rendre accessible à tous cette riche matière par des outils géomatiques aux possibilités de valorisation certes très étendues, mais qui rebutent nombre de personnes. Il se veut convivial et didactique. Il part de l’univers familier de chacun – sa maison, son quartier – et invite à un voyage dans le temps. Un outil de localisation et une échelle temporelle permettent de situer un lieu à partir de son adresse actuelle et de suivre son évolution à travers une quarantaine de cartes historiques, du 16e siècle à nos jours. Modes de représentation, échelles et orientation, degré d’urbanisation diffèrent fortement d’une période à l’autre. La possibilité toujours offerte de faire apparaître la carte actuelle sous le document ancien crée un espace d’interprétation simple et efficace : chacun peut mesurer l’écart entre la représentation du territoire qui lui est familière et celle des temps passés.

Le défi de créer un portail cartographique grand public a été relevé par la haute école du paysage, de l'ingénierie et de l'architecture (hepia). « Genève à la carte » a bénéficié de l'apport de travaux de vulgarisation que ce soit l'atlas historique du Grand Genève ou l'exposition réalisée dans le cadre du bicentenaire du canton de Genève par l’association « Prohistoire ». Plusieurs institutions ont mis à disposition des documents ; on pensera aux cartes détenues par l'Institut géographique national de France (IGN) et son homologue helvétique swisstopo ou encore des vidéos diffusées par les archives de la Radio Télévision Suisse (RTS).  Enfin, on remerciera notre partenaire français, l'association savoyarde Paysalp, porteuse d’un projet Interreg dont ce site n'est que l'un des nombreux résultats.